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 burning desire (grant)

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Daisy Donovan

Daisy Donovan

Messages : 528

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MessageSujet: burning desire (grant)    burning desire (grant)  EmptyJeu 8 Déc - 20:07

maybe sex is only love's consolation prize for losing hearts.


Enfermée à double-tour dans la salle de bains depuis... longtemps en dépit des protestations rocailleuses de Wolfie (pire qu'une nana), Daisy détaille avec une objectivité chirurgicale les traits qui lui font face. Elle fronce les sourcils, s'essaye à un sourire paresseux puis à un regard pénétrant avant de décider que c'est bon, elle est prête, elle peut y aller. Où ça ? A son cours de théâtre, bien sûr, seul déplacement qui requiert une préparation accrue. Daisy, elle n'est pas compliquée, elle est de ces filles qui ont conscience de dégager quelque chose, un je-ne-sais-quoi inexplicable qui aimante les regards et leur offre de quoi miser sur un naturel désinvolte. Elle ne se maquille pas beaucoup, tout juste souligne-t-elle l'amande de ses yeux d'un soupçon d'ombre à paupières et habille ses lèvres de rose poupée ou d'un voile de rouge. Elle n'a rien d'une fille dans sa façon d'être facile à vivre, de tout accepter spontanément sans nécessiter deux heures de ravalement de façade. Daisy, elle s'en moque d'être belle, d'être une bombe, elle se contente du charme subtil qui l'habite et n'en demande pas plus, jamais. Sauf avec Grant, qui la rend idiote. Daisy, elle a envie qu'il la regarde, qu'il porte sur elle un regard moins neutre, moins calme, elle rêve de cultiver dans ses yeux sombres qui l'affolent un trouble, une envie, un désir, plus que ce qui luit au sein de la mer noire et calme de ses pupilles. Grant, il conserve ce goût d'interdit qui la transportait, adolescente, même s'il n'en est rien : il n'est plus son professeur, elle n'est plus mineure et si elle ignore tout de son âge, elle est convaincue qu'elle a déjà tapé plus haut. En revanche, ce que sa simple présence distille en elle ne semble pas se tarir. Alors, Daisy, elle s'est convaincue que c'était forcément de l'amour pour que ces fleurs ne flétrissent pas dans son coeur aride, qu'il le lui fallait, lui, et puis c'est tout. Parce qu'il est beau, parce qu'il est cultivé, parce qu'il s'exprime d'une voix qui lui donne des envies folles et parce qu'il semble si raisonnable, tempéré, mesuré, que Daisy, elle a un peu envie de le froisser, de défaire ses chemises bien repassées, de glisser ses doigts avides dans ses cheveux soignés, de le bousculer. Elle a le coeur lourd, quand Grant la regarde, l'envie de lui plaire sur scène bien sûr mais aussi en coulisses, même si elle pêche. C'est une envie qui lui ressemble, inconstante, volatile, qui s'éloigne parfois pendant des mois, des années, et revient lui lécher les pieds, comme une vague, lorsqu'elle ne l'attend plus. En ce moment, elle est dans une période Grant. C'est sans doute un mécanisme de défense voué à la préserver des drames qui corrodent sa vie, ses amis et qui égratignent son palpitant muet, c'est une bonne façon de tout éluder que de foncer tête baissée vers ses désirs mais Daisy ne le réalise pas. Elle est souvent taureau fou, focalisée sur la tâche rouge qu'on lui agite sous le nez jusqu'à l'impact regrettable qui fout tout en l'air. Elle pénètre enfin dans le couloir, où Grey attend plus (ou moins) sagement accoudé contre le mur. Il la dévisage l'espace d'une seconde mais ça lui suffit pour afficher un air surpris qui devient très vite railleur. Il va sortir une vanne. Il va sortir une vanne et Daisy s'en prémunit, lapidaire. « C'est mon costume. Pour la pièce. » se justifie-t-elle comme une môme prise la main dans le sac, dans une robe qui pourrait être sage si elle ne dévoilait pas un dos presque nu et flirtait outrageusement avec ses cuisses. Ce n'est pas son genre, il le sait, elle le sait mais le petit regard adorablement noir qu'elle lui glisse semble indiquer que la discussion est close. Daisy, elle n'est jamais ostentatoire, elle n'a pas besoin de se draper de belles étoffes, sa sensualité repose ailleurs, elle luit presque sous sa peau, assez pour charmer sans qu'elle n'y songe réellement. Mais la subtilité ne fonctionne pas chez Grant et ce n'est pas dans son réel costume année quarante qu'elle distillera au creux de ses reins ce qui brûle dans son ventre.

Après un clin d'oeil mutin à l'adresse de son colocataire, Daisy met les voiles, sagement dissimulée sous son manteau. Elle a une heure d'avance, c'est vrai, mais elle a donné rendez-vous à Grant, pour, je cite, évoquer la pièce. C'est un privilège de comédienne qui gravite autour de lui depuis dix ans maintenant (avec de plus ou moins longues absences, études aidant) que de s'offrir des têtes à têtes avec le metteur en scène, qui ne bride jamais leur créativité bien que sa vision à lui soit toujours la meilleure. Bien sûr qu'elle compte évoquer la pièce : elle s'y prête à merveille. Daisy roule à vive allure sur son vélo en fin de vie et le laisse tomber distraitement dans le hall du lycée pour rejoindre l'amphithéâtre, l'esprit embrumé, le sourire qui fleurit sans raison apparente. Devant lui, elle est toujours cette lycéenne aux sous-entendus à peine voilés qui tentait sa chance plus pour asseoir sa réputation de tête brûlée que parce qu'elle y croyait vraiment. Toby s'était assez moqué d'elle avec sa façon irritante de rouler des billes, pour calmer les ardeurs de la belle. « Bonjour. » roucule-t-elle de son timbre bas, magnétique, en soignant son entrée... avec plus ou moins de succès car Daisy n'est jamais plus jolie que lorsqu'elle laisse la tendresse ineffable de ses traits ou l'énergie assourdissante qui émane de ses courbes parler pour elle. Elle est libérée mais pas vénéneuse, sensuelle mais pas fatale. Grant est nonchalamment appuyé contre la table qui trône au milieu de la scène, élément fondamental de décor, et elle prend soin de libérer sa robe audacieuse de l'étreinte du manteau dans un geste d'actrice, de mannequin, pas de small town girl lambda. Daisy ne le quitte pas des yeux, suspendue à la pleine attention qu'il lui offre. Parce qu'il n'y a qu'elle, bien sûr, mais à ça, elle ne pense pas. Elle le rejoint de ses foulées gracieuses et se hisse sur la table pour mieux croiser ses jambes. A l'intérieur, il y a à peu près les trois quarts de ses organes qui se moquent gaiement de ses mimiques enjôleuses mais Daisy n'entend rien. Rien de plus que le lourd battement de son coeur, qui résonne à ses tempes, qui palpite dans son cou et grésille, assourdissant, à ses tympans. Grant n'affiche rien d'autre que son habituel visage affable, décontracté, distant par essence, que ses traits trop sages qui lui donnent envie de les picorer de baisers. Elle déglutit et se saisit machinalement d'un exemplaire du livre, celui de Grant, y laissant courir en un effleurement fugace la pulpe de ses doigts. « Je ne comprends pas pourquoi je dois jouer Sophie Pelissier. » commence-t-elle de but en blanc, de ses allures d'insoumise qui a parfois du mal à accepter les concessions. Elle a lu ce qui sera leur prochaine pièce et Daisy a été saisie. Le repas des fauves, c'est une histoire brillante, à la fois cruelle et très drôle, teintée de cet humeur noir qui frappe là où il fait réellement mal. C'est une soirée de 1942 dans la France occupée, un anniversaire entre amis qui bascule dans l'horreur lorsqu'en représailles d'un attentat contre des soldats allemands juste sous leurs fenêtres, la gestapo réclame des otages à exécuter. Elle leur offre alors un cadeau empoisonné : le choix des sacrifiés, un dîner pour les désigner. C'est une fable sur les bassesses humaines lorsque les instincts les plus primaires montrent les crocs, c'est une pièce amère, cruelle, mais qui implique le spectateur en lui offrant les tripes terrifiées de ses protagonistes... Daisy a été conquise, oui, mais pas par son rôle. Elle sait ce que Grant a dit : blabla Sophie est un rôle pivot, blablabla, mais elle n'a pas écouté. Elle n'écoute rien, c'est ça son problème et puis il lui semble qu'elle peut sans doute offrir quelques signaux au fantasme qui lui fait face, grâce à sa réflexion pointue (non). « Enfin non, je comprends, tu as été très clair à ce sujet, c'est juste que je pense que je ferai une meilleure Françoise et tu dis tout le temps qu'un comédien n'habite jamais mieux un personnage que lorsqu'il le ressent, qu'il le comprend. Françoise, je la comprends. Elle est effrontée, franche, un peu brusque peut-être, elle est libérée comme moi. Libre. Je voulais dire libre. » Daisy esquisse un sourire en coin et reprend. « Elle est à contre-courant, elle se fiche des regards, des opinions divergentes, des commérages. Bien sûr, elle est aussi lâche et antipathique que les autres, c'est le but, mais à côté d'elle, Sophie Pelissier est la quintessence de la femme des années quarante. Bonne ménagère, bonne épouse, égoïste et un peu gourde, obnubilée par l'obtention de nouveaux bas comme s'il n'y avait pas plus important en temps de guerre. Elle n'assume rien, pas même ses désirs pour son amant. » Daisy pousse un léger soupir éploré pour la forme, théâtrale devant l'éternel et peut-être qu'elle se rapproche un peu, imperceptiblement. « Et puis elle est empotée, elle n'arrive même pas à séduire l'officier allemand pour sauver leurs peaux. Moi, j'y serais parvenue, tu ne crois pas ? » Elle darde des prunelles joueuses dans celles de Grant, sans se démunir de l'esquisse frivole qui luit sur ses pulpeuses. Françoise, elle est belle surtout. Séductrice dans sa robe rouge, elle porte sa féminité en étendard, elle se donne facilement sans n'appartenir à personne d'autre qu'à lui, ce fiancé mort sur le front, et Daisy, elle aimerait que Grant la voit ainsi, pas comme la gentille ménagère qui arrondit les angles. Même si l'hôtesse et par extension l'héroïne de la pièce, c'est elle.
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